mardi 6 décembre 2011

Attention au rejet de l’Europe et de l’euro par une grande partie de l’opinion publique

Deux sondages publiés ces derniers jours permettent de mesurer l’impact de la crise sur la perception que les Français ont de l’Europe.
Celui publié dimanche (voir article publié lundi 5 décembre) montre une
opinion publique profondément divisée entre ceux qui sont en faveur de davantage d’intégration européenne et ceux qui en voudraient moins.
Ce clivage n’est pas nouveau et ce sondage montre qu’il s’est
profondément ancré depuis bientôt 20 ans. On l’avait constaté pour la 1ère fois en 1992 lors du référendum sur le Traité de Maastricht (qui avait été adopté d’extrême justesse) puis de nouveau en 2005 lors du référendum sur le Traité constitutionnel européen (qui avait été rejeté).
Toutes les stratégies de communication et d’information déployées à grand renfort de financements européens par les institutions de l’Union n’ont pas permis de le combler,  loin s’en faut.
On peut craindre qu’une aggravation de la crise n’augmente encore le nombre de ceux qui sont opposés à plus d’intégration européenne.

Un autre sondage publié lundi (voir article publié aujourd’hui) montre d’ailleurs que plus d’un tiers des Français seraient favorables à un retour au franc, que 45 % pensent que l’euro est un handicap pour l’économie française et que 62 % pensent qu’il est un handicap pour le pouvoir d’achat.

Amère constat, 10 ans après le lancement de la monnaie unique européenne.

Alors que ses conséquences se font sentir dans la vie quotidienne de chacun de nous, la crise est difficile à comprendre. Ses mécanismes sont compliqués à expliquer à des citoyens qui ne disposent pas toujours des connaissances de base suffisantes, et le simple bon sens ne suffit pas pour permettre de se faire une opinion. Comme c’est toujours le cas en période de crise grave, les explications simplistes (« c’est la faute à l’Allemagne », « c’est à cause de l’euro », etc.), la recherche de boucs émissaires (« le diktat de l’Allemagne ») et les solutions démagogiques (« on n’a qu’à sortir de l’euro », etc.) ont le vent en poupe et prennent d’autant mieux que certains responsables politiques n’hésitent pas à en faire leur fonds de commerce.

Des actions de pédagogie de grande envergure sont plus que jamais nécessaires, alors que les dirigeants de l’Union européenne envisagent un nouveau traité destiné à améliorer le fonctionnement de la zone euro. Car, en tout état de cause, ce traité devra être soumis aux citoyens pour ratification. L’évolution de l’opinion publique peut déjà faire craindre son rejet, alors que son contenu est à peine esquissé.

                                                            François Descheemaekere
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