vendredi 25 novembre 2011

L'Europe à l'heure allemande

[Challenges]

A l'abri de la tourmente qui frappe le continent, l'Allemagne a de moins en moins de complexes à imposer sa vision de la construction européenne à ses partenaires.

"Tout à coup, l'Europe se met à parler allemand." Maladroite ou cynique, la déclaration du leader des députés chrétiens-démocrates, Volker Kauder, au congrès de son parti, le 15 novembre à Leipzig, est bien dans le style de l'époque. Le ténor de la CDU a été ovationné lorsqu'il a précisé que ce n'était pas la langue de Goethe qui s'imposait, "mais l'acceptation des idées politiques pour lesquelles Angela Merkel se bat avec tant de succès". Et lorsque la chancelière a ajouté sa touche - "l'heure est venue pour une percée vers une nouvelle Europe" -, les congressistes lui ont fait un triomphe. "Nous, Allemands, souhaitons davantage d'Europe, mais accompagnée de règles conformes à nos intérêts vitaux, décode Henrik Uterwedde, directeur adjoint du DFI, institut franco-allemand de Ludwigsbug. Nous voulons pouvoir surveiller les cancres, les sanctionner, y compris en portant plainte devant la justice." Désormais, l'Europe semble vivre à l'heure de l'Allemagne.
Seul pays qui réfléchit à l'évolution du modèle européen, seul pays plébiscité par les marchés financiers, seul pays dont l'industrie continue de carburer. Le seul, aussi, à s'être imposé des réformes structurelles profondes, à être sur le point de faire décroître ses dettes, à initier les choix énergétiques de demain... Riche, puissant et vertueux, notre voisin n'a jamais paru aussi décomplexé et conquérant.
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