lundi 17 octobre 2011

Le déficit démocratique français contre l’Europe

Jean Quatremer, journaliste français, correspondant du journal Libération auprès de l'Union européenne, auteur du blog "Coulisses de Bruxelles, UE"

François Bayrou a frappé juste : le président du Modem a souligné, mercredi, l’étonnant silence observé par le chef de l’État depuis le début de la crise de la zone euro, alors qu’il est, en France, seul à la manœuvre. « Il y a des mois et des mois que Nicolas Sarkozy n'est pas venu en parler à la télévision », a dénoncé François Bayrou : « or une crise de cet ordre, probablement la plus importante (...) peut-être depuis le début des années 30, (...) il faut l'expliquer aux citoyens pour qu'ils soient partie prenante des réponses à apporter ». « Ce sont eux qui vivent la crise, eux qui en subiront les conséquences, pourquoi est-ce qu'on ne dit rien ? », s’est indigné le député des Pyrénées-Atlantiques, le 12 octobre à « Questions d'Info » LCP/France Info/AFP/Le Monde. « Ce qui est frappant pour moi dans cette crise, c'est que personne n'explique aux Français, aux Allemands, aux citoyens européens ce qui se passe », a-t-il conclu.
En mettant dans le même sac les Allemands, il a tout à fait tort, car la Chancelière allemande, Angela Merkel, passe son temps à expliquer les enjeux de la crise de la zone euro, tant devant le Bundestag, qu’à la télévision ou lors de ses déplacements. En revanche, en France, son constat est exact, c’est l’omerta politique. Nicolas Sarkozy, en dehors des conférences de presse très techniques qu’il donne à Bruxelles, et qui sont hermétiques à la grande majorité des citoyens, observe un silence dont on ne le croyait pas capable depuis deux ans. Et cela par peur de déplaire à sa partenaire allemande, de crainte de prononcer le mot de trop qui causera des dommages irréversibles à une relation franco-allemande fragile. Aucune explication solennelle à la télévision, aucune  déclaration devant le Parlement français, aucun entretien dans la presse écrite, alors même qu’il prend à Bruxelles des décisions qui engagent pour longtemps l’avenir de la France.
Lire : bruxelles.blogs.liberation.fr
Bookmark and Share

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire