François Rachline est conseiller spécial du président du Conseil économique, social et environnemental et professeur à Sciences po.
Il est des époques où les causes l'emportent sur les intérêts immédiats. Ce fut le cas lors des guerres mondiales, mais aussi, pour le Vieux Continent, au sortir des années 1940. L'ardente obligation d'alors, c'était la paix. Tout devait y être subordonné. L'idée qui s'imposa fut que l'économie faciliterait le rapprochement rapide entre les peuples. Pour que l'Allemagne et la France deviennent des amis héréditaires, il fallait donc, avant tout, nouer des relations commerciales et industrielles durables. Leur dépendance mutuelle n'avait pas empêché le conflit de 1914-1918, mais on tablait sur une accélération de l'interdépendance au quotidien pour accoutumer les esprits à la solidarité. On emprunta la route du marché, commun à six, puis à neuf et à douze pays.
Le traité de Maastricht, en 1993, n'orientait cependant pas l'édifice vers un fédéralisme à inventer. Il ouvrait plutôt la porte à une collaboration de souverainetés, étroite parfois, mais insuffisante pour élaborer une entité politique à la hauteur du poids économique constitué. L'élargissement, qui aboutit à un ensemble de vingt-sept membres, ne freina pas le recul de l'idée fédéraliste. A hauteur d'homme, il n'est guère facile de distinguer les axes de l'histoire. Que Maastricht intervînt deux ans après la réunification allemande - prévue au traité de Rome -ne frappa guère. Tout se passait comme si les deux événements n'entretenaient aucune relation.Lire : lesechos.fr
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