L’euro n’est pas en soi menacé dès lors qu’il cimente les solidarités concrètes et la paix et qu’il est géré par une institution remarquablement stable, la Banque centrale européenne. Un plaidoyer pour l’Europe qui ne laissera probablement pas nos lecteurs insensibles…
Par Guy Sorman, fondateur et président d'honneur de l'association Action contre la faim et professeur invité dans de nombreuses universités de par le monde.
On ne comprend rien à l’Union européenne, ni à son passé ni à son présent, si on ne se remémore pas son histoire. L’Europe n’était pas au départ, un assemblage bureaucratique, ni un projet de grande puissance et elle ne fut économique que de manière seconde. Le point de départ tel qu’il fut conçu et mis en œuvre par ses pères fondateurs (tous de persuasion chrétienne, ce qui n’est pas indifférent), c’est la paix. Schuman, Adenauer, Gasperi se demandaient comment instaurer enfin une paix définitive entre les nations d’Europe, membres paradoxaux d’une même civilisation ? Ce désir de paix, réalisé au-delà de toute attente est le fondement de l’Europe. Ne l’oublions jamais. Et je le crois inaltérable car les citoyens de l’Union européenne, comme ceux qui aspirent à la rejoindre, partagent ce désir de paix et plus encore, partagent dorénavant un sentiment profond d’appartenance à une seule et commune identité européenne.