Chaque jour qui passe voit la Grèce s’enfoncer un peu plus dans la crise. La récession s’aggrave : elle pourrait atteindre -5,5 % en 2011. On prévoit, sans doute avec un peu trop d’optimisme, - 2,5 % en 2012, et pas de perspective de retour à la croissance avant 2013.
Dans l’espoir de calmer les investisseurs privés, les créanciers publics et ses partenaires européens, le gouvernement de Georgios Papandréou empile désespérément de nouvelles mesures de rigueur quasiment chaque semaine, mais semble totalement impuissant à les faire appliquer, alors qu’il faudrait mobiliser tous les moyens de l’état pour lutter contre la fraude fiscale et combattre l'économie parallèle pour faire rentrer les impôts dans les caisses de l’état. Tant et si bien que beaucoup pensent que la première mesure à mettre en œuvre devrait être d’instaurer une administration fiscale efficace au lieu d’adopter des mesures en tous sens qui ne sont pas appliquées et qui ne font que désespérer le pays.
Et la Grèce est dans l’attente du versement par la « troïka » (ses trois bailleurs de fonds : Union européenne, Banque centrale européenne et FMI), de la sixième tranche d'aide de 8 milliards d'euros prévue dans le premier plan d'aide à hauteur totale de 110 milliards. Mais en protestation contre le retard pris par les réformes, la troïka a décidé de reporter ce versement de fin septembre à la mi-octobre ! Sans ce versement, la Grèce se trouvera bel et bien en défaut de paiement…
Outre ce premier plan, les Européens ont prévu, le 21 juillet dernier, un deuxième plan d'aide de 160 milliards, impliquant cette fois le secteur privé, mais sur lequel règne encore beaucoup d'incertitudes concernant la participation effective des banques et autres institutions financières. Or, ce second plan divise les Européens, de plus en plus exaspérés par l’absence de résultats positifs de la mise en œuvre du premier : la Slovaquie menace de ne pas le voter, la Finlande exige des contreparties financières au versement de sa contribution, et d'autres, comme les Pays-Bas, sont plus ou moins sur la même ligne. On est bien loin d’une union politique…
Pour l’heure, nul ne peut encore prévoir ce qu’il va advenir de la Grèce…
Et ces tergiversations et l’absence d'accord entre États membres sur le sauvetage de la Grèce ont des répercussions désastreuses sur les banques françaises et allemandes, les plus exposées à la dette souveraine grecque, les déclarations publiques contradictoires de certains politiques ne faisant qu’ajouter à l’inquiétude et à la nervosité des marchés.
Et comme si chaque jour semblait apporter une mauvaise nouvelle supplémentaire, l’agence de notation Standard and Poor's vient d’abaisser d'un cran la note de l'Italie, la 3ème économie de la zone euro. Cette dégradation de la note italienne intervient alors que le Parlement vient juste d’adopter un plan d'austérité de 54,2 milliards d'euros destiné à revenir à l'équilibre budgétaire en 2013 et à réduire la dette phénoménale (1 900 milliards d'euros, soit 120 % de son PIB), mais qui a beaucoup de mal à convaincre. Quelles sont les raisons de cette dégradation ? Les faibles perspectives de croissance (0,7 % pour 2011, contre 1,1 % auparavant, et « 1 % ou moins » pour 2012), qui vont compromettre la réduction du déficit et de la dette, et l’incertitude politique due à la fragilité du gouvernement de coalition discrédité chaque jour un peu plus par les scandales et les frasques de son chef qui s’en amuse publiquement…
Pendant que les pays européens répondent exclusivement à la crise par d’avantage de rigueur au risque de tuer le peu de croissance qui subsiste et d’enclencher une véritable maelström de récession, de l’autre côté de l’Atlantique, Barack Obama vient de présenter un plan de relance de 447 milliards de dollars, l’American Jobs Act, destiné à donner un «électrochoc» à l’économie américaine. Ce plan vise à augmenter de 2 points le taux de croissance des États-Unis et à stimuler la création de 1,9 millions d’emplois supplémentaires. Il prévoit de réduire le déficit budgétaire américain de 3000 milliards de dollars sur les dix prochaines années, dont la moitié proviendrait de nouvelles taxes sur les grandes entreprises et les citoyens les plus riches, 240 milliards de dollars d’allégements d’impôts et de charges sociales pour les PME, la réforme des systèmes d'assurance-santé à destination des plus âgés et des plus pauvres des mesures en faveur des chômeurs ainsi que des investissements dans les infrastructures afin de relancer l’activité.
Alors, vérité en deçà de l’Atlantique, mensonge au-delà... ou vice-versa ? Lequel des deux remèdes, relance américaine ou rigueur européenne, sera le plus efficace ? C’est l’avenir qui le dira !
François Descheemaekere
François Descheemaekere
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