mardi 20 septembre 2011

L'euro ne mourra pas, la volonté politique le sauvera

Christophe Bouillaud est professeur de science politique à l’Institut d’Etudes politiques de Grenoble depuis 1999. Il est spécialiste à la fois de la vie politique italienne, et de la vie politique européenne, en particulier sous l’angle des partis.

Alors que la crise n'en finit plus de toucher les pays européens, beaucoup prédisent la fin de la monnaie unique telle que nous la connaissons aujourd'hui. Une vision catastrophiste que contredit une observation attentive de la situation politique du continent...

Il se fait grand bruit ces derniers mois d’un possible éclatement de la zone Euro. Des économistes évoquent, pour certains d’entre eux avec une délectation presque morbide, ce scénario qui mettrait fin à l’aventure européenne engagée dans les années 1950. Le plus grand nombre de ces Cassandre envisagent la sortie de la Grèce de l’Euro, afin qu’elle restaure ainsi sa compétitivité telle une Argentine se désamarrant du dollar au début de la décennie 2000. Certains ajoutent à ce premier scénario un effet domino, avec une sortie en cascade de tous les membres un peu faiblards ces temps-ci de la zone Euro (Portugal, Espagne, Italie, etc.). Quelques-uns se font peur en supposant à l’inverse que ce sont les forts qui abandonneront les premiers le navire
:  l’Allemagne, lasse de payer pour les fainéants du sud, quitterait en premier l’Euroland un « Club Med » en détresse fiscale avancée, suivie sans doute par les autres membres vertueux de la zone Euro (Autriche, Finlande, Pays-Bas, etc.). D’autres enfin, plus imaginatifs encore, font l’hypothèse de la division de la zone Euro en deux zones monétaires, un « Euro fort » au nord du continent, un « Euro faible » au sud, la question subsidiaire portant alors sur la place de la France dans ce scénario, leader de la nouvelle « Union latine » ou junior partner de la nouvelle « zone Mark » ?  Du point de vue du politologue, tous ces scénarios paraissent, en dépit même de leurs logiques économiques  respectives, quelque peu délirants.
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