Les 2 sommets des Chefs d’Etat à Bruxelles, la réunion du G20 à Cannes, l’adoption du 2ème plan de rigueur en France n’ont pas suffi à écarter suffisamment la trajectoire de la tempête qui menace la zone euro. Les graves turbulences politiques en Grèce et en Italie, et l’incertitude qu’elles alimentent, ont fait plonger les marchés hier mercredi. Le taux à 10 ans des obligations italiennes a atteint un nouveau record absolu depuis la création de la zone euro, dépassant largement les 7% ce matin (10 novembre), un niveau complètement insoutenable pour les finances publiques italiennes.
Olivier Berruyer présente sur son blog « Les-crises.fr » plusieurs graphiques d’une grande clarté qui montrent que, de fait, la France a déjà perdu son triple AAA. Quand on regarde le taux de l'emprunt d'État à 10 ans (supérieur à 3 %) et l'évolution du spread France-Allemagne (l'écart sur les emprunts d'État à 10 ans, passé de 40 à 120 points de base), montre un net décrochage entre les deux pays, inquiétant (presque un point désormais, en faveur de l’Allemagne), sachant que la France est le pays AAA qui connait la situation la plus dégradée. De fait, la dette française correspond à une note double AA, la même que celle des Etats-Unis...
Chaque jour, les écarts de taux (« spreads ») auxquels la France et l’Allemagne empruntent sur les marchés, augmentent. Hier en fin de journée, sur le marché obligataire européen où s'échange la dette des États, l'écart des taux entre l'obligation de référence du Trésor français à 10 ans (OAT) et son homologue allemande, le Bund, a atteint 147 points de base (1,47 point de pourcentage), du jamais-vu depuis 1997. Or, cet écart, qui mesure la prime de risque entre les deux, était seulement de 45 points de base il y a un an et de quelque 80 points de base cet été ! Concrètement, cela signifie qu'aujourd'hui les investisseurs craignent beaucoup plus de prêter à la France par rapport à l'Allemagne et exigent une rémunération plus importante pour compenser ce risque.
Et ce matin, Jacques Attali enfonce le clou ! La France n'a aucun espoir de conserver son "triple A" qui lui permet d'emprunter à bas coût sur les marchés financiers, avertit-t-il dans un entretien à La Tribune . « Ne nous faisons pas d'illusion : sur les marchés, la dette française n'est déjà plus AAA. »
Pour lui, le deuxième plan Fillon, qui porte à 18 milliards l'effort cumulé sur 2012, est insuffisant, car il ne permet pas de rattraper le retard accumulé dans l'effort d'ajustement, d’autant que la croissance risque fort d’être encore plus faible que prévu. Comme de nombreux économistes, Jacques Attali reproche aussi le manque de lisibilité de ce plan qu’il qualifie de « nouveau saupoudrage de petites mesures qui cherchent à mécontenter le moins d'électeurs possible, dans une optique électorale évidente : ne pas déclencher la colère de la rue » !
Et le plus probable est que la situation s’aggrave encore et finisse par toucher de plein fouet l'Italie, troisième économie de la zone euro dont la dette atteint 1900 milliards d'euros (120% du PIB), et la France, s’étendant immédiatement à l'ensemble de la zone euro, où le Fonds d'aide, le FESF, est encore très loin de pouvoir faire face à une telle hypothèse. En effet, le fonds de sauvetage européen (FESF : fonds européen de stabilité financière) qui a été porté le 27 octobre de 440 milliards d'euros à 1000 milliards est encore loin d’être opérationnel, et on imagine donc les sommes colossales qu'il faudrait rassembler en urgence pour combler les besoins de l'Italie (qui doit rembourser 326 milliards d'euros de dette au cours des 12 prochains mois) et, éventuellement de la France…
François Descheemaekere
Pour lui, le deuxième plan Fillon, qui porte à 18 milliards l'effort cumulé sur 2012, est insuffisant, car il ne permet pas de rattraper le retard accumulé dans l'effort d'ajustement, d’autant que la croissance risque fort d’être encore plus faible que prévu. Comme de nombreux économistes, Jacques Attali reproche aussi le manque de lisibilité de ce plan qu’il qualifie de « nouveau saupoudrage de petites mesures qui cherchent à mécontenter le moins d'électeurs possible, dans une optique électorale évidente : ne pas déclencher la colère de la rue » !
Et le plus probable est que la situation s’aggrave encore et finisse par toucher de plein fouet l'Italie, troisième économie de la zone euro dont la dette atteint 1900 milliards d'euros (120% du PIB), et la France, s’étendant immédiatement à l'ensemble de la zone euro, où le Fonds d'aide, le FESF, est encore très loin de pouvoir faire face à une telle hypothèse. En effet, le fonds de sauvetage européen (FESF : fonds européen de stabilité financière) qui a été porté le 27 octobre de 440 milliards d'euros à 1000 milliards est encore loin d’être opérationnel, et on imagine donc les sommes colossales qu'il faudrait rassembler en urgence pour combler les besoins de l'Italie (qui doit rembourser 326 milliards d'euros de dette au cours des 12 prochains mois) et, éventuellement de la France…
François Descheemaekere
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