Et un de plus ! En 2 semaines, la crise de la dette de la zone euro a fait tomber 3 gouvernements, celui de la Grèce, celui de l’Italie, et hier, celui de l’Espagne. Elle n’en est malheureusement pas pour autant résolue, et l’inquiétude grandit partout dans le monde sur les conséquences des plans d’austérité qui sont mis en place dans tous les pays de la zone euro, et qui n’ont pas l’air de rassurer les marchés financiers, plus inquiets maintenant par les risques de crises politiques, de troubles sociaux et de récession.
Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent chez les économistes appelant à ce que la Banque Centrale Européenne puisse devenir prêteur en dernier ressort et à la création d’euro-obligations (la Commission Européenne elle-même s’apprête à publier ce mercredi un projet de création d’euro-obligations), ce qui permettrait de solutionner rapidement la crise actuelle tout en renforçant les capacités de la zone euro face à de nouvelles crises.
Mais la chancelière allemande Angela Merkel reste totalement sourde et oppose son refus catégorique à ces propositions. Pour elle, comme pour Mario Draghi, nouveau président de la BCE et garant de l’orthodoxie monétaire de la zone euro, le seul objectif de la BCE doit être… de contenir la hausse des prix, comme prévu lors de sa création par le traité de Maastricht en 1992.
Et pourtant, aujourd’hui, ce n’est pas l’inflation qui guette, mais bien la récession ! On observe sur les marchés financiers depuis quelques jours que les investisseurs sont en train de se débarrasser à tour de bras leurs avoirs en dette publique de tous les pays de la zone euro, (et pas seulement celle des pays du sud, mais également celle de pays nordiques), un peu comme ils l’avaient fait en se débarrassant de leurs produits toxiques lors de la crise financière de 2008, ce qui risque d’entraîner rapidement une insuffisance de crédit disponible pour les entreprises les ménages et donc de freiner encore un peu plus la croissance.
Et l’économie de la rigoureuse Allemagne est à son tour touchée par l’effet des politiques d’austérité conduites chez ses partenaires européens, puisque son économie est principalement tirée par ses exportations intra-européennes, et que celles-ci sont en fort ralentissement, étant donné que chez nous, c’est la consommation intérieure qui tire la croissance, mais que celle-ci devient atone du fait des plans d’austérité et de la crainte suscitée par une nouvelle vague de plans de licenciements dans les banques et dans l’industrie automobile. Même la Chine semble connaitre un ralentissement de son économie du fait de la diminution de l’importation de ses produits par les pays européens.
Et la crise que nous vivons est en train de modifier profondément la gouvernance européenne, et pas forcément dans le sens d’une démocratie plus importante. Pour certains experts, le système institutionnel de l’Union, avec la Commission qui propose et exécute, et le Parlement et le Conseil qui co-décident, serait déjà mort, remplacé dans les faits par le « système Merkozy », sorte de directoire constitué de la Chancelière allemande et du Président français, le rôle moteur appartenant à la première. C’est d’ailleurs « Merkozy » qui a exigé le départ des premiers ministres de Grèce et d’Italie et fortement préconisé leurs remplaçants… La Commission Européenne semble avoir perdu tout rôle d’initiative (on frémit quand on sait qu’elle est en train de travailler… à un nouvel élargissement du nombre d’états membres !) et le Parlement Européen n’est même pas consulté…
François Descheemaekere
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