lundi 26 septembre 2011

Quand le monde marche sur la tête

Dominique MOÏSI, Chroniqueur - Conseiller du directeur de l'Ifri (Institut français pour les relations internationales)

Au début des années 2000, l'Union européenne dans un système que l'on annonçait comme « postmoderne » se présentait comme étant à l'avant-garde de la modernité. N'était-elle pas en train d'inventer un nouveau concept de souveraineté qui allait servir de modèle aux générations futures ? La fin d'un monde westphalien basé sur les classiques rapports de force entre les puissances allait, selon de nombreux observateurs, permettre à l'Europe de conserver un rôle précurseur dans les affaires du monde, comme modèle et comme acteur. Certes, très vite le 11 septembre 2001 apportait comme une première ombre à cette vision lumineuse. Pouvait-on être postmoderne face à des comportements prémodernes ?
Mais aujourd'hui avec la montée en puissance des émergents derrière la Chine, les doutes se font plus pressants. La postmodernité est-elle compatible avec le retour de la tradition diplomatique dans ce qu'elle a de plus classique ? Peut-on continuer à jouer aux échecs face à un joueur de go, s'interroge Henry Kissinger dans son dernier livre « De la Chine » ? En réalité, joue-t-on encore vraiment aux échecs ? Les démocraties sont-elles capables de définir des stratégies à long terme face à des pays qui ont tous les atouts des diplomaties d'Ancien Régime ?
Leurs régimes n'ont pas d'états d'âme, pas d'opinion publique, ni bien sûr de calculs électoraux à mettre en avant. Imaginons un seul instant que les Etats-Unis se considèrent libres de définir leur politique dans le conflit israélo-palestinien en fonction exclusive d'une simple vision stratégique de leurs intérêts à long terme dans la région...

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