Nouriel Roubini, spécialiste de l'annonce des catastrophes, en est sûr: le système chinois ne tiendra pas. S'oriente-t-on vers une crise bancaire ou Pékin arrivera-t-il à passer entre les gouttes?
Si l’on en croit l’opinion dominante, le monde a basculé et la crise financière n’a fait qu’accélérer le mouvement. Le poids économique des vieilles nations industrielles décroît et la montée en puissance des pays émergents, Chine en tête, doit se poursuivre au cours des prochaines années. D’une certaine façon, c’est rassurant de savoir qu’il y a au moins quelques zones dans la monde où l’activité restera soutenue, alors que le doute est profond concernant la croissance future de l’Europe et des Etats-Unis. Si le FMI a sensiblement réduit ses prévisions pour tous les pays, Chine y compris, il crédite tout de même cette dernière d’une croissance de 9,5% cette année et de 9% l’an prochain. Mais tous les économistes ne sont pas certains que cet ultime refuge contre la dépression continuera à résister. Parmi eux, on retrouve Nouriel Roubini, qui semble s’être fait une spécialité de l’annonce des catastrophes. Il a commencé à sonner l’alerte dans une note du 11 avril, sur le thème: le modèle chinois n’est pas tenable et il va s’effondrer, probablement après 2013.
Pourquoi? Aucun pays au monde ne peut être assez productif pour consacrer 50% de son PIB à l’investissement sans créer des surcapacités massives et des problèmes de crédits «non performants». De fait, la Chine a réagi à la chute de ses exportations entre 2008 et 2009 en se lançant dans des grands programmes (infrastructures, logements) financés à crédit par les collectivités locales. De 42% du PIB, ratio déjà élevé, l’investissement est passé autour de 50% en 2010 et 2011. Les chiffres sont impressionnants: le volume des prêts accordés par les banques chinoises a presque doublé entre 2008 et 2009 (à 1.100 milliards d’euros), 10.300 km d’autoroutes ont été mis en service en deux ans, une nouvelle centrale électrique est créée chaque semaine, etc. Pour Nouriel Roubini, cette histoire ne peut que mal se terminer: après une période de surchauffe, ces surcapacités ne pourront mener qu’à la déflation, en commençant par le secteur manufacturier et l’immobilier.
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