mercredi 30 novembre 2011

Crise de l’euro : il faut sauver le béret français !

La crise, ce n’est pas seulement une batterie d’indicateurs macro-économiques qui passent au rouge. Ce sont surtout des entreprises et des ménages qui sont touchés dans leur vie quotidienne par le ralentissement de l’économie, les plans d’austérité et la raréfaction du crédit.

Le dernier fabricant de bérets français, Beatex, est une PME de 40 salariés à Oloron-Sainte-Marie dans le Béarn, tout un symbole pour la France.
Pierre Lemoine et un associé la reprennent en 2008 alors qu’elle était sous administration judiciaire. Ils la réorganisent  et lui donnent de nouvelles ambitions, tant et si bien que 2 ans plus tard, ses effectifs sont passés de 25 à 40 salariés, et elle double sa production et son chiffre d’affaires. Fournisseur de l’armée française depuis 2 ans, elle a été récemment homologuée pour fournir les armées des 28 pays de l’OTAN. Aujourd’hui, sous l’effet de la crise, elle est au bord de la cessation de paiement malgré un carnet de commandes bien rempli, car manquant de trésorerie, elle n'arrive plus à trouver de crédit bancaire ni à débloquer les aides financières dont elle a besoin.
 
Les évènements européens s’enchaînent à un rythme que les observateurs et les commentateurs ont bien du mal à suivre, et chaque jour apporte son lot de nouvelles, trop souvent mauvaises.
Il y a 3 jours, l’OCDE a annoncé que la zone euro semblait être entrée en "légère récession" et son économie ne devrait progresser que de 0,2 % en 2012 en raison de la crise de la dette qui, en cas d'événement "négatif majeur", pourrait avoir des conséquences "dévastatrices" pour tous les pays riches. Pourtant, le gouvernement français persiste et signe : sa prévision pour 2012 (déjà revue 2 fois à la baisse) restera à 1 %, Valérie Pécresse, ministre du budget, ayant  rappelé hier que le gouvernement avait "dans le budget des marges de sécurité" permettant de faire face à un ralentissement de cette croissance. On ne demande qu’à la croire…

Du côté des agences de notation, c’est un véritable mitraillage. Moody’s, après avoir averti il y a quelques jours que la France était mise sous surveillance et pourrait perdre rapidement son triple A,  a annoncé lundi 28 que tous les pays de l'UE étaient désormais menacés par une dégradation de leur note, compte tenu de l'aggravation rapide de la crise de la dette dans la zone euro. Hier, Standard and Poor’s a fait savoir qu’elle pourrait placer dans les prochains jours la note "AAA" de la France sous perspective négative et Fitch Ratings a menacé le triple A du Royaume-Uni "triple A". A Londres, on dit que les banques et les autorités publiques se prépareraient à l’éclatement de la zone euro et que les ambassades britanniques auraient reçu des consignes du Foreign Office pour aider leurs ressortissants en cas de fermeture des distributeurs de billets et en cas d’émeutes. Intox de la part de ceux qui ont toujours voulu abattre la monnaie unique, ou pragmatisme britannique ?

Sur les marchés financiers, les investisseurs se débarrassent à tour de bras de leurs avoirs en dettes souveraines des pays européens, tant et si bien que les taux des dettes espagnoles, italiennes, belges, françaises sont en train de monter en flèche. Les banques européennes ne se prêtent quasiment plus entre elles, les entreprises ont de plus en plus de mal à trouver du crédit indispensable pour financer leur activité.

Un énième sommet européen de la dernière chance (le 15ème ?) des chefs de gouvernement de l’Union européenne est prévu les 8 et 9 décembre. Ils réussiront peut-être enfin à se mettre d’accord sur des décisions à la hauteur des enjeux… Ils y évoqueront peut-être le cas du dernier fabricant français de bérets à Oloron-Sainte-Marie. On peut toujours rêver et rester optimiste !

                                                      François Descheemaekere
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